Après plusieurs examens, ils ont pu déceler le hic. Le problème. C’était en effet, une maladie de l’os. L’ostéomyélite. «Dans cet hôpital, on a pu me dire enfin ce que j’avais. Même s’ils n’en connaissaient pas l’appellation technique. Ils ont à nouveau essayé à leur niveau, d’arrêter le développement de la maladie. Mais au bout d’un mois, j’étais presque mourante, il fallait me transférer ailleurs», se souvient-elle. La maladie, qui a commencé dans la moelle osseuse, avait atteint l’os: «On attendait qu’on me prenne rapidement en charge. Ce n’est qu’en soirée que j’ai été amenée dans une salle où on prenait soin de moi. Ils ont dit qu’on devait m’opérer. Ils ont plâtré tout un pied qui pourrissait. On a incisé une partie. Ils m’ont opérée deux ou trois fois.
J’ai même fêté mon anniversaire à l’hôpital. Mes 8 ans», soupire-t-elle. Tout doucement, la petite fille d’alors retrouvait ses esprits. Malgré une reprise timide des cours, sa maman la transportait au dos pour l’amener à l’école, au Cours élémentaire 2 (CE2). Il était pénible pour elle de marcher avec le plâtre. En salle de classe, elle notait les cours assise sur une chaise roulante. Pendant plusieurs semaines, la jambe se détériorait dans le plâtre. La dernière solution était l’amputation pour certains médecins : «On a voulu amputer ma jambe deux fois. La première fois, parce qu’il n’y avait pas d’amélioration, et l’autre fois en 5ème, parce qu’on jugeait que c’était trop déformée et que ça pourrait me déranger plus tard. Les médecins voulaient remplacer par un faux pied. Mon père n’était pas d’accord. Pour lui, tous les moyens étaient bons pour me soigner. Même s’il fallait vendre la maison familiale pour me faire opérer à l’étranger», précise-t-elle.
LA DERNIÈRE OPÉRATION
La neuvième opération. La dernière qui allait lui permettre de retrouver une vie normale, ou presque. La maladie avait complètement déformé sa jambe. Il fallait non seulement la stopper, et donner une forme plus ou moins normale à ce pied, afin qu’elle puisse se déplacer d’elle-même : «Ma marraine, qui vit à l’étranger, nous a parlé d’un orthopédiste ici au Cameroun qui pouvait me soigner. Le spécialiste a dit que l’ostéomyélite était devenue chronique. Il m’a opérée pour la dernière fois. La neuvième fois. J’avais 20 ans». Elle respire un grand coup en se remémorant ce souvenir douloureux.