Jamais loin des crânes

Haut cadre dans un département ministériel à Yaoundé, Roger S. aime à se présenter comme un traditionnaliste. Né à Bamendjou (département des Hauts-plateaux de la région de l’Ouest) il y a aujourd’hui 46 ans, il a pour habitude de passer la quasi-totalité des week-ends, jours fériés et ses congés au village, «pour entretenir les crânes». Selon lui, son programme ne souffre d’aucune incompatibilité. «En semaine, je suis au bureau et j’assume bien mes responsabilités comme mes supérieurs hiérarchiques peuvent en témoigner.

Mais je n’oublie pas que je dois être présent au village pour m’occuper de ma grande famille», explique ce notable de la chefferie Bamendjou. Comme illustration, le long week-end occasionné par la fête internationale du travail, a été mis à profit par Roger S., pour effectuer certaines cérémonies. Il a reçu quatre cousins, son demi-frère aîné et deux oncles. Il écoute ces derniers qu’il appelle ses fils exposer chacun ses problèmes de santé et de réussite sociale.

Tour à tour, il va aller avec ces derniers dans la case des crânes. «Au nom de mes aïeux qui m’ont délégué comme leur représentant sur terre, je prie pour qu’ils intercèdent auprès de Dieu afin que chacun des membres de cette famille, vive dans la quiétude, respire le bonheur et résolve ses principaux problèmes», explique ce dernier, plus connu au village sous le nom traditionnel de «Tah Wembè Souop».

DE LA TERRE AUX CRANES

Dans les langues locales, le Dieu unique a pour synonyme la terre. Selon Jean Philippe Rameau Sokoundjou, chef supérieur Bamendjou, «la terre est très importante pour le Bamiléké parce que c’est le principal don de Dieu. C’est le point identifiant où on peut venir se réfugier dans son chez soi. C’est le site qui assure notre survivance au fil des générations, et c’est cette même terre qui est la source des principales richesses de notre reproduction et notre nutrition».


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