Que représente le village dans la culture africaine et camerounaise en particulier ?
Le village renvoie au milieu d’origine chez les Africains. Bien que les consciences intègrent davantage l’urbain comme espace structurant de leurs existences, le village continue d’être le principal point d’ancrage et la référence à partir de laquelle les projets essentiels d’exister (ou de mourir) sont élaborés.
Quelle est l’importance de rester en contact avec son village?
Le contact avec le village nous aide à entretenir une originalité et particulièrement la fierté et l’honneur que procure le sentiment d’être un humain de quelque part, différent des autres et forcément singulier culturellement parlant. Avoir des repères est essentiel, vital, dans un monde culturellement pluriel et complexe, marqué par une circulation intense, voire foudroyante de modèles culturels issus de divers horizons. Cette situation justifie les replis identitaires appréciables comme un besoin naturel de retrouver ses marques ; une nécessité de se les réapproprier pour exister en échappant à l’absurdité d’une vie moderne dénudée de tout sens à cause de ces multiples valeurs qu’elle fait systématiquement tourbillonner. Le contact avec le village entretient, en partie, le sens du projet d’exister et procure donc la quiétude qui caractérise l’humain ou l’Africain qui sait d’où il/elle vient et sait où il/elle va.
Ne peut-on pas être au contact de sa culture sans toutefois se rendre au village ? Si oui, les valeurs acquises seront-elles différentes de celles avec lesquelles on aurait été en contact, si on avait fait le déplacement ?
Si ! On est, aujourd’hui marqué par les valeurs culturelles occidentales. Ces marques sont véhiculées par l’exploitation d’instruments de diffusion des valeurs et des comportements. Bon nombre d’entre nous n’avons jamais été en Occident. Cela est possible et dépend donc des manières dont on se sert des instruments qui influencent ou véhiculent les comportements ou les valeurs culturels. Même si, de mon point de vue, les valeurs acquises de cette manière sont édulcorées et sans saveurs. En effet, cette possibilité ne change pas la puissance du milieu comme principal vecteur de la culture. Des points de vue sociologique, anthropologique de l’éducation et sous un angle psychopédagogique, l’effet d’une appropriation médiatisée au second degré (c’est-à-dire développé dans un milieu différent du milieu en question), des valeurs culturelles, est bien plus faible que celui de celle développée au contact avec le milieu à travers les expériences qu’il procure.
Y a-t-il une fréquence à laquelle il est recommandé de se rendre au village pour ne pas être en déphasage ?
Une fréquence, je ne pense pas. Il faut surtout s’arranger à ne pas s’y sentir étrangère ou étranger ou être perçue comme tel.