Elle écrit actuellement de belles pages de l’histoire de la production audiovisuelle au Cameroun. A un moment où certains crient au manque de politique d’achat des émissions tv produits par les indépendants par les chaines classiques, elle se positionne comme l’exception qui fait la règle. Mais qu’est venue chercher une ancienne hôtesse de l’air dans la prod ? Le parcours de la native du Mbam est une succession d’opportunités saisies au bon moment en se laissant guider par sa passion. Au placard donc ses envies de faire carrière dans la médecine. La joueuse de handball est aujourd’hui une boss épanouie et qui inspire. Pour la première fois, la présentatrice et Dg de Maraboo Production s’est dévoilée sans hypocrisie à votre mag.
Teint ébène. Sourire épanoui. Regard pétillant, Yolande dégage de l’assurance. De l’autorité. Une femme qui sait où ses jambes de gazelle la conduisent. Elle sait ce qu’elle désire. Pas du genre «soit belle et tais-toi». Non, ce n’est pas Mme Bodiong, ça ! Curieuse, elle est sans cesse à la découverte. Sportive, oui. Elle est fan de handball et ancienne professionnelle. Militante, aussi. Elle s’active pour l’épanouissement de la femme, et elle milite pour un «Non aux violences» faites au genre féminin. Par-dessus tout, femme patron. C’est peut-être de là que se dégage son allure parfois charismatique, presque… magnétique. Revenons quelques années plus tôt...
YOLANDE DANS LES AIRS…
Et non, cette originaire du Centre n’a pas toujours flirté avec le monde audiovisuel. Alors qu’elle rêvait de marketing,elle se retrouve contrainte par ses parents, de passer un test d’hôtesse de l’air : «C’est ma famille qui m’a obligée à présenter le concours national qui avait été lancé par la défunte Cameroon Airlines en 199,6 niveau BAC. Je ne voulais pas, parce que je ne voyais pas trop le lien avec le marketing, et d’autre part, l’une des conditions était de savoir nager, ce que j’avais évidemment en horreur, car traumatisée à l’école primaire par mon camarade de classe du cours moyen 1 décédé des suites de noyade lors d’une sortie piscine à l’hôtel des députés. Sous la pression, j’ai déposé mon dossier le dernier jour et me suis inscrite dans une piscine privée pour apprendre à nager 04 jours avant la date prévue du début des tests », dévoile cette native de Bertoua. Ses efforts ont valu son admission parmi lesplus de 4000 composants pour 32 places. Elle a appris à aimer son métier.
Une hôtesse de l’air fière de l’être. Même si cette maman de 4 garçons aujourd’hui, s’est souvent retrouvée dans des situations incommodantes dû à son métier, elle a tenu à sa dignité : « Je n’ai pas subi de harcèlement, que ce soit pendant le processus de recrutement, ou pendant ma carrière. J’ai eu à faire face à des courtisans ce qui est normal, à des propositions indécentes que je stoppais net, parce que je me faisais le devoir d’être directe et ferme en toute politesse», affirme-t-elle. Une carrière riche en découvertes, avec ses hauts et ses bas s’achève en 2008 suite à la fermeture de la compagnie. Soit 12 années derrière que l’épouse de Serges Essome Bikit est toujours prête à partager.
IMMERSION DANS L’AUDIOVISUEL
Malgré la fermeture de la compagnie, Bodiong Okodombé Yolande Dorothée de son vrai nom, était déjà une passionnée de l’art audiovisuel. Grâce à une rencontre, elle a définitivement scellé son mariage avec l’audiovisuel : « Tout se déclenche en 2000 quand je rencontre Jean Luc Delarue à l’aéroport de Roissy Charles De gaulle et qu’il me donne ce numéro de téléphone qui scellera mon mariage avec l’audio - visuel. Ce numéro qu’il m’avait donné était celui d’un membre de réservoir prod, sa maison de production, et qui m’avait ouvert les portes des coulisses. C’est à partir de ce moment que le virus de la production audiovisuelle m’a mordue. Désormais tous mes séjours sur Paris étaient des occasions de passer mes journées sur les plateaux de tv à saint Denis », confie-t-elle.
A PIED D’OEUVRE…
Entre 2000 et 2008, elle s’est donnée le temps de bien penser à quelques productions. Ses économies lui ont permis les bureaux de "Options", son premier bébé, sa première entreprise audiovisuelle: « Mon premier projet d’émission télé, Engrenage, un programme qui présentait de manière décalée des personnes au destin exceptionnel. Ce programme séduit Canal 2 international et en coproduction, il est réalisé et diffusé sur la chaîne jusqu’en fin 2010. De l’avis des téléspectateurs et de notre partenaire, l’émission est un succès ». Les difficultés dit-on, font partie de la vie, lesquelles doivent galvaniser davantage : « Malheureusement face aux difficultés liées à la logistique, j’ai pris la décision d’arrêter la produc tion du programme, mettre en veilleuse Options. Mon rêve désormais, trouver un espace pour mettre sur pied une maison de production audiovisuelle moderne qui me rendrait autonome».
NAISSANCE DE "MARABOO"…
Alors qu’elle avait décidé de renouer avec Camair-Co, cette fois en tant que Responsable de la mise sur pied et gestion du programme de fidélité Sky Awards en 2011, Yolande Bodiong et son époux décident quelque temps après de mettre fin à ce travail, et mettre sur pied Maraboo. Cette Maison de production audiovisuelle spécialisée dans la communication audiovisuelle et les relations publiques : «Maraboo produit des contenus télévisuels (K’tapult, Sacrés Parents, 8 pour un défi, On Rezap, 90mn pour gagner…), loue ses studios aux producteurs externes et accompagne les entreprises dans le conseil. MARABOO conçoit, organise clés en main tout type d’évènements, séminaires, conférences, salons, soirées à thème… ». Une grande réalisation qu’elle doit à son tendre époux : « Si je n’avais pas eu mon mari à mes côtés, je n’y serai jamais arrivée. Il est d’un grand soutien quand on sait que chez nous une femme ne peut pas réussir dans un projet sans mettre son corps à contribution. Je lui en suis indéfiniment reconnaissante » déclare celle qui savoure l’Okok.
UNE JEUNESSE MOUVEMENTÉE
Son enfance n’a pas toujours été de tout repos. Issu d’un foyer polygamique, de père Yambassa, et d’une mère Fong de Ngoazip, elle se retrouve orpheline de père alors qu’elle venait d’obtenir son CEPE. Elle ne le digère pas. Son état se rapproche de la dépression. Il lui reste sa maman et sa belle-maman. Elles décident de l’inscrire au handball dans une école de formation en sport collectif. Là-bas, elle cartonne. De SNH club de 1989 à 1991, à TKC handball de Roger Milla 1991 à 1994, en passant par Camship handball, Yolande laisse ses empruntes. Joueuse professionnelle. Après l’obtention de son baccalauréat, son aventure continue certes avec le handball, mais la native de Bertoua s’inscrit en Marketing et communication, avec l’aide de son dernier club qui a pris en charge tous ses frais. Victime de harcèlement dans son équipe, elle se retrouve injustement sanctionnée.
Allocations financières suspendues pour deux mois. Nous sommes en 1995 : « Pour une histoire d’absence de ma colocataire et coéquipière à un stage bloqué. Il estimait que j’étais complice pour n’avoir pas dit qu’elle avait prétexté un faux voyage à Yaoundé. Moi j’avais pris part au stage bloqué ». Malgré le problème, elle n’a pas du tout baissé les bras. Elle s’inspire chez l’un de ses enseignants et met sur pied sa première entreprise : «Ets Body And Partners, j’achetais des journaux et les livrais dans des petites entreprises et Camtel, mon plus gros client me payait à la fin du mois. A côté de cela j’achetais au marché central des vêtements de sports maillots et shorts à la friperie que je revendais aux handballeurs exclusivement à Yaoundé » nous affirme cette fan de télévision et de cuisine. Entre travail et vie familiale, la maman d’Emile, Aaron, Arthur, et Allan a su dispatcher les choses. Pour elle tout passe par une discipline de vie.