S.M Ibrahim Mbombo Njoya: ce que vous ne saviez pas !

82 ans, dont 27 passés à la tête du royaume Bamoun. Cela semblerait évident pour les adeptes de contes de fée, qui s’imaginent alors une vie de château toute rose. Mais, il a dû mourir en lui-même pour «ressusciter» en cette autre personnalité. Il est né prince, mais il était loin d’imaginer qu’il serait choisi par son père, Njimoluh Seidou, pour lui succéder à sa mort en 1992. Pour certains, il n’avait même pas le profil. Un peu comme David dans la Bible.

A cette époque, Ibrahim Mbombo Njoya assurait les fonctions de ministre délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées. Opérer un choix. Il a donc été soumis à cette réalité. Une dure réalité, pour lui d’ailleurs. Quitter son confort de haut commis de l’Etat, promis à une carrière encore brillante et reluisante, sa «métisse Batanga», sa vie mondaine pour endosser les attributs de chef d’une communauté traditionnelle avec ses exigences et ses interdits. L’une des plus vieilles dynasties du Cameroun.

C’était un sacrifice. Un changement radical de fonctionnement, qui contrastait avec son art de vivre. Bon vivant, ministre et ambassadeur hier, Sultan aujourd’hui, comment s’est effectuée la transition chez l’ancien ministre de l’Information et de la Culture? A l’occasion du voyage culturel «au coeur du patrimoine Bamoun» initié par le Réseau des journalistes culturels du Cameroun, en août dernier, le 19è roi des Bamoun nous a ouvert les portes de son palais, pour une escapade mémorielle et contemporaine inédite. Il s’est laissé découvrir, tel qu’en lui-même. Un homme. Un Roi. Un père.

Samedi 27 août 2019. C’est jour de marché à Foumban. Une fine brune couvre la ville. Il est 9h30 au palais royal, situé juste en face. A cette heure, la cour du palais est déjà garnie de monde. Aujourd’hui, le roi reçoit. Les populations, qui y ont déjà pris place, sont richement vêtues. Des gandouras coupées dans des tissus originaux, faits main, couvrent le corps des hommes. Les dames se sont drapées de robes en «ntu ntere» [tissu traditionnel Bamum, Ndlr], en «ndop» ou en wax. Ici, quelque chose d’inédit va se dérouler. Le protocole du palais royal est un peu sur les dents.

Même notre statut de journaliste d’un prestigieux organe de presse ne nous vaudra pas certains privilèges. «Il faut respecter la tradition», nous avertit un préposé au protocole, placé juste dernière nous, devant notre embarras. «Vous voyez le cercle dessiné au sol, n’importe qui ne peut s’y tenir», complète notre interlocuteur. En effet, nous remarquons un grand cercle sur lequel sont apposés les emblèmes du royaume Bamoun : «une presaraignée, une double cloche, un serpent à double tête», que notre ignorance, malheureusement, nous a fait traverser.

Nji Nchare, le directeur des affaires culturelles du palais, volera à notre secours avec des explications bien pointues. «Aujourd’hui, le roi va introniser un «Nkom». Le «Nkom» est un notable, parmi ceux qui établissent le roi dans ses fonctions. L’un d’eux est décédé, il y a quelque temps. Ce jour, le roi intronise donc son successeur. Il sera présenté à la population tout à l’heure. Nous attendons juste que le roi revienne au palais. Pour le moment, il se trouve sur le site où le rituel a eu lieu».

BIO EXPRESS

Naissance : 27 octobre 1937 à Foumban

Fils de : Njimoluh Seïdou et de Noh Lantana.

1957-1960 : Attaché du cabinet du Haut commissaire

français de la République du Cameroun

1960 : Chef de Cabinet du Secrétariat d’Etat Chargé de l’Information

1960-1964 : Président de la fédération camerounaise de football

1961 : Directeur de Cabinet du Ministre des Forces Armées

1964-1965 : Commissaire général à la Jeunesse, au Sport et à l’Education Populaire

1965-1970 : Ministre adjoint de l’Education Nationale, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports

1970-1974 : Ambassadeur du Cameroun en République de Guinée Equatoriale

1974-1980 : Ambassadeur du Cameroun en République Arabe d’Egypte

1980-1982 : Vice-ministre des Affaires

étrangères

1982-1983 : Ministre des Postes et Télécommunications

1983-1986 : Ministre de la Jeunesse et des Sports

1986-1988 : Ministre de l’Information et

de la Culture

1988-1990 : Ministre de l’Administration territoriale

1990-1992 : Ministre de la Jeunesse et des Sports (2e fois)

1991 : Par décret présidentiel n°91/485 du 03 décembre, a assuré l’intérim du Premier Ministre absent du territoire national

Avril-Nov. 1992 : Ministre Chargé des Relations avec les Assemblées

10 août 1992 : Ibrahim Mbombo Njoya est intronisé Sultan, Roi des Bamun

1996 : Président d’honneur à vie du Conseil Supérieur des Sports en Afrique (Désigné par tous les Ministres Africains des Sports en Assemblée Générale tenue à Alger).

2013 : Nommé Sénateur

Distinctions honorifiques

• Chevalier de l’ordre de la Valeur

• Officier de l’ordre de la Valeur

• Commandeur de l’ordre de la Valeur

• Grand Officier de l’ordre de la Valeur

• Chevalier de l’ordre National du Mérite

Français

• Grand Cordon du Nil (Première Classe)

de la République Arabe d’Egypte

• Grand Cordon de l’ordre d’Ouissam

Alaouite du Royaume du Maroc

• Grand Commandeur de l’ordre

Olympique

Lire aussi >> Tout n’est pas négatif dans la tradition

 


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