C'est sur des mélodies de Jay Lou Ava que Roger Owona, le 10 janvier dernier, a vidé ses armoires, ses tiroirs, laissant échapper quelques histoires. Des histoires teintées de ces dix années passées comme Rédacteur-en-Chef (Rec) à la Direction de la Rédaction des Magazines (Drm), de la Société de Presse et d’Editions du Cameroun (Sopecam). Il cède ses colonnes aujourd’hui.
Dans ses cartons, qui se remplissaient progressivement, des souvenirs à n’en point finir. Des souvenirs qui, au-delà des articles, anniversaires et mariages, lui ont rappelé, via des clichés, ces quelques moments passés, notamment, avec ses amis qui ont trépassé. Jean Jacques Ewong, son héros de la photo, Joseph Tsala Adah, ce journaliste de choix et Luc Angoula Nnanga pour lequel il s’est donné corps et âme, lors de l’organisation des obsèques, le 23 novembre dernier.
Un homme entier, dévoué, ah oui ! C’est aussi cela, Roger Owona. Il aura servi, jusqu’au dernier jour. Dévoué, passionné, il serait osé d’ajouter cultivé, car il est bien plus. C’est l’un des rares hommes à vous dire que Whitney Houston n’est pas l’auteur de «I will always love you», l’un des rares à vous parler de la genèse du Bikutsi, dans un propos concis et précis. Précis comme cette justesse sur les dates, que jamais, il ne rate. Normal, les évènements il les grave dans sa mémoire infaillible.
Pédagogue, psychologue, conseiller, Roger Owona a toujours su donner de son amitié à ceux qui l’ont approché. Et pas que ! L’homme, catho convaincu, aime le dire : «J’ai reçu, je donne à mon tour». Par amour, cet ancien Secrétaire permanent de la Commission de délivrance de la carte de presse du Cameroun, a donné de sa plume, l’a mise au service du «Très cher et Beau pays des Kamers» si bien qu’il suffisait de le lire pour se sentir «comme sur un nuage». C’est justement avec des nuages en fond, qu’il a dessiné sa dernière Une (Weekend Sports et Loisirs N°576).
L’on peut y apercevoir une colombe : «la dimension des symboles», disait-il très souvent. Une illustration faisant référence à cette paix dont il est le reflet, cette paix qu’il transmet. Ses cheveux grisonnants, sa démarche assurée, sa voix roque, sa simplicité et cet air mystérieux qu’il affiche quand il veut, manqueront à la rédaction. Tout comme les surnoms qu’on lui attribuait : «Monseigneur», «l’Archiduc», «le Saltimbanque», «le Maître», «R.O.»… Le savait-il même ? Des imperfections, il en a corrigées de son stylo rouge, dont il ne se séparait presque jamais, et que vous aurez remarqué certainement sur la photo qui illustrait son «Tempo».
Mais aujourd’hui, les choses bougent. Celui qui a officié pendant six ans (1993-1999) comme Chargé des relations publiques auMinistère de la Communication, a tant donné, tant apporté. A Cameroon tribune, il a été chef du bureau des reportages à caractère culturel (1988), chef service Culture par intérim(1991), chef service Culture et Société (2000). Cet éditorialiste ayant démarré sa carrière à la Sopecam en 1987, l’a si bien fait que de son empreinte, certaines colonnes sont encore marquées.
Normal, un Rédacteur-en Chef comme Roger Owona, on ne l’oublie pas. On ne l’oublie pas comme ce message qu’il a passé le 08 janvier dernier, lors de sa dernière conférence de rédaction qui a duré 09 minutes : «Soyez optimistes, Stand firm.» Rec un jour, Rec pour toujours. Merci M. Roger Owona.