Ceux qui ont la force de l’expérience, la vraie, savent la vacuité de verser à chaque début d’année dans la mode des bonnes résolutions Plan-plan comme il faut, et qui seront balayées par le torrent des premières pluies de mars. Si l’être humain avait la capacité à changer, se renouveler à chaque feuillet d’année tourné, ça se saurait. Un quarantenaire au sommet de sa superbe, serait ainsi la résultante d’une bonne trentaine de mues, renouvellements philosophiques, panier d’habitudes abandonnées ou troquées, évolutions ou régressions dictées par le bon vieil «nouvelle année, nouvelle méthode». A vous en rendre schizophrène à la longue ! Remarquez, l’attitude inverse serait tout aussi rocambolesque.
Ne surtout rien vouloir changer, ployer tel un roseau sous les vents d’un monde qui bouge autour de nous, sans jamais rompre. Solidement planté dans d’immuables certitudes comme un poteau de Bepanda que même des travaux routiers ne déracinent. Avec la force de l’expérience, disions-nous, une fois qu’on a compris que personne ne change tout le temps, ni ne reste jamais tout à fait pareil, la question des bonnes (ou mauvaises) résolutions, se pose sous un tout autre prisme. On aura beau dire au conjoint qu’on veut reconquérir, au parent dont on veut atténuer la colère, ou à l’ami floué dont on attend de nouveau un geste qu’on «a changé», la réalité est que les mutations véritables n’interviennent jamais plus de trois ou quatre fois par cycle de vie.
Elles sont le croisement entre ce que notre propre volonté pense nécessaire d’améliorer à un moment donné, et cette inénarrable part des hasards et circonstances imposées qui obligent des inflexions. Problème ! A l’instar d’un cocktail chimique, si les ingrédients sont mal dosés, agencés dans le mauvais ordre ou mis à contretemps, la transition n’aboutira pas toujours au résultat souhaité. L’explosion, au lieu de l’explosion de joie. A cet aune, la force de l’expérience ne réside donc pas dans le fait de clamer sa volonté de changer, ou d’en comprendre la nécessité. Il s’agit de déterminer le moment où ce changement est le plus pertinent, et la meilleure façon de le mener pour que ses fruits soient positifs. Après 14 ans d’existence (tiens ! L’âge de puberté pour une vie d’homme), votre magazine s’est demandé si ce ne serait pas le bon moment pour un nouveau coup de rafraîchissement.
De s’ouvrir de nouveaux horizons, d’avoir un regard neuf sur les choses. Parce que si vous, lecteurs, avez entre temps changé, comment continuerions-nous à vous faire plaisir sans suivre les courbes d’évolution de vos centres d’intérêts ? Dans notre agenda 2020, quelques bonnes résolutions donc, pour mieux vous suivre, comme vous nous avez vousmêmes suivi depuis tant d’années. Mais nous n’en dirons pas plus pour l’instant, vous aurez bien le temps de les découvrir. Et parce que nous espérons que le résultat final sera à la hauteur de vos attentes, que la force de l’expérience soit avec nous !