On pourrait à l’envie, et c’est de cir constance, céder à la facilité de rejoindre le chorus mille fois éculé et louangeur des hommages vibrants et odes lyriques aux femmes, mères de l’humanité et piliers de la société, qui en encaissent tant et en reçoivent si peu. Ça ne mange pas de pain, et ça garantit toujours une popularité peu cher payée, auprès des féministes du dimanche. De plus, de nombreuses actualités ont abondamment nourri le moulin à Panégyries.
De « Me too » à la Coupe du monde féminine de football, débats de fond et célébrations des conquêtes, forment les montagnes russes de cette condition de la femme qu’on encense en deçà des Pyrénées, et nuance au-delà. Et puis arrive le mois de mars et son grand 8, si propice aux extrêmes de chaque bord. Celui des poings levés des victoires symboliques, illustrées par des avancées législatives et règlementaires ou des statistiques sur la percée du beau sexe dans un tel domaine. Et celui des poings serrés de la revendication, illustrés par de toutes autres statistiques qui attestent de ce qu’on n’en fait toujours pas assez, et que l’égalité c’est pas pour demain. La fameuse histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein….
Dont les tenants de chaque camp aiment finalement à débriefer, autour d’un verre justement. De la réflexion, beaucoup de célébrations, et on recommence à compter les points et les poings de chaque côté, jusqu’au prochain grand évènement.Il nous a donc semblé que pour parler de la Femme sans dire ce que l’on a l’habitude d’entendre, il fallait éviter ces deux écueils. L’excès de louanges qui a souvent occulté des diagnostics froids et le devoir de vérité que nous devons à celles dont l’importance sociale est effectivement centrale. Et le « Women empowerdment » outrancier qui consiste à porter énergiquement des réclamations qu’on aura tôt fait de calmer par la promotion de deux ou trois têtes d’affiches, érigées en arbres qui cachent mal la forêt.
On dit que la vérité sort parfois de la bouche – ou du regard, c’est selon- des enfants. Alors, en écrivant ces quelques lignes, nous avons regardé notre propre fille, bientôt âgée de 6 ans. Nous nous sommes demandé quelle femme nous aimerions la voir devenir demain. Nous avons ensuite observé des profils de jeunes filles actuelles, appelées à reprendre un jour le flambeau du combat des Femmes. Celles qui s’émancipent plus vite, mais deviennent Femmes plus tardivement. Une jeunesse dorée apprivoisant tous les codes Androids des réseaux sociaux, du selfie journalier avec moue aguicheuse, aux séances de twerk pas très privées, toujours à la recherche d’un « sponsor » pour la prochaine soirée poulet, en attendant l’hypothétique prince charmant promis par les séries Novelas. Bien loin en somme, d’une trajectoire à la Françoise Mbango ou Sally Nyollo.
De fait, pour celles dont ces clichés constituent les prémisses, peu de chance qu’un quelconque cadre règlementaire ou législatif, des revendications bruyamment portées sur place publique ou même de la « discrimination positive », ne permettent au final le leadership et l’épanouissement souhaités. Et parce que nous savons l’appréhension de nombreux parents de voir leurs filles suivre cette trajectoire-là, Nyanga a choisi de revenir à la base. Ce qui pendant longtemps a fondé une certaine qualité dans la transmission générationnelle : des modèles. Pour ce numéro, outre un dossier pour le moins croustillant qui parlera à beaucoup, quelques profils et destins singuliers ou inspirants, qui nous l’espérons réveilleront des étoiles et appétits de conquête dans les yeux de petites filles qui découvrent la lecture. Des vrais top modèles, quoi !